Textes et poésies. Vie intérieure et observations.
12 Septembre 2016
Je me souviens du jour où tu es arrivée par le train. C'était un mardi, en fin d'après midi. Nous sommes venus te chercher à la toute petite gare. C'était la première fois que l'on se revoyait depuis que nous savions toutes les deux que j'étais malade. J'avais donné mes consignes pour ces retrouvailles. Je les voulais simples, sans drame ni mélo. Tu as fait de ton mieux.
A ma demande tu étais venue pour m'accompagner passer un examen le mercredi. C'était loin. Il y avait de la route à faire, deux heures pour y arriver, la même chose pour revenir. Tu t'en souviens? C'était en septembre, il y a un an. Nous ne savions pas encore exactement jusqu’où la maladie avait progressé.
Ce mardi soir je suis monté m'asseoir devant l’ordinateur pour repérer notre trajet du lendemain jusqu'à l'hôpital. Tu es montée aussi et tu t'es assise à côté de moi.
Nos deux regards tournés vers l'écran, vers la vue aérienne et les bretelles d'autoroute, je me suis mise a pleurer. Des sanglots, des secousses, le dos arrondi, la tête dans les mains, je ne pouvais pas te regarder mais j'ai réussi à te parler. Je t'ai dit : "maman... j'ai peur de mourir...je ne veux pas mourir".
En entendant ça, tu n'as ni gémis, ni pleuré. Pourtant nous vivions le même cauchemar. Tu entendais ma peur en même temps que tu vivais la tienne. Tu me voyais souffrir et tu n'en souffrait que davantage. Mais, vaillamment, tu a rassemblé tes forces. Tu m'as passé ta main dans le dos. Tu m'as dit "ce sont des pensées tout ça"... "tu ne vas pas ma mourir ma chérie". Que dire d'autre à sa fille.
Crois-le ou pas, je garde un bon souvenir de notre escapade du mercredi. Il faisait beau, malgré tout, dans cette voiture que nous conduisions là ou nous n'avions jamais imaginé aller ensemble. Il faisait beau, malgré tout.
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