Râleuse

Je suis une râleuse. Je geins, je me plains.

Pourtant je sais apprécier les petits plaisirs de la vie autant que relativiser les ennuis. Je dégaine facilement les "oh! c'est beau" et les "hmm c'est bon", les "c'est pas grave" et les "ça va passer". Mais quand je râle je fais les choses en grand, en très grand. Moi quand je râle, c'est contre l'univers tout entier!

J’apprécie les verres à moitié plein aux terrasses des cafés ensoleillées mais la nuit je ne sais voir que le sidérant néant qui sépare les étoiles.

J'aime les tartes au citron mais je rumine avec angoisse et sans relâche le pourquoi de mon existence et le sens à lui donner; le pourquoi de l'espèce humaine sur la terre; le pourquoi de notre terre, oasis respirable dans l'univers; le pourquoi de l'univers plutôt que le rien... Je suis une râleuse existentielle.

Obsédée par toutes ces questions et devant l'absence de réponse valable à ce jour, j'ai souvent eu envie de disparaître, de me dissoudre, de n'avoir jamais été là, que toute cette histoire se passe sans moi et de ne manquer à personne (quitte à renoncer définitivement aux tartes aux citrons).

Et puis j'ai été malade.

J'ai vue la mort, de loin certes, mais je l'ai vu. À l'horizon elle m'a fait un petit signe de la main en souriant comme pour me dire qu'elle repasserait plus tard.

J'ai 40 ans aujourd'hui. Je suis heureuse de fêter mes 40 ans. Finalement "1976-2015" gravé dans le marbre ça m'aurait fait mal tout de même. Avoir 39 ans pour toujours ça m'aurait rendu triste, c'est un fait.

Je vais donc essayer de moins râler contre le cosmos et la grande création et oublier mes envies de disparaître.

Et la prochaine fois je vous parlerais de la tarte tatin et de la Grande Ours.